Logements sociaux : où en est la performance énergétique selon les statistiques 2024 ?

Rédigé par Julien Guiselin
Mis à jour le 05 mai 2025
Temps de lecture : 5 min
performance énergétique des logements sociaux

Sommaire

Au 1er janvier 2024, un peu plus de 350 000 logements sociaux étaient encore classés F ou G au DPE (diagnostic de performance énergétique), selon les statistiques des ministères de l’aménagement du territoire et de la transition écologique. Derrière ces fameuses passoires énergétiques, interdites à la relocation dès le 1er janvier 2025, se cachent des familles fragilisées par des factures de chauffage qui explosent et un confort de vie dégradé.

La transition est engagée, mais l’enjeu reste majeur : 15 % du parc social est encore classé E, soit 750 000 logements voués à disparaître du parc locatif d’ici 2034.

Alors, où en est vraiment la performance énergétique du logement social selon les statistiques 2024 ? Et quels leviers restent à activer pour répondre à l’urgence climatique et sociale ? Tour d’horizon des chiffres, des enjeux et des perspectives.


J’améliore le DPE de mon parc social


EN RÉSUMÉ :

  • 7,4 % de passoires thermiques (F et G) dans le parc social contre 15,9 % dans le privé, un écart lié à un bâti plus récent et à des politiques publiques de rénovation plus actives.
  • 750 000 logements sociaux classés E devront sortir du marché locatif d’ici 2034 selon la loi Climat et résilience.
  • Le gaz reste dominant (55 %) dans le chauffage social, mais le chauffage urbain (20 %) offre un levier bas carbone.
  • Objectif SNBC 2050 : les résultats actuels sont loin de la trajectoire pour atteindre les objectifs 2050. Il faut accélérer les rénovations et décarboner l’énergie pour tenir la trajectoire vers la neutralité carbone.

Quelle est la performance énergétique du parc social en 2024 ?

En 2024, le parc social affiche des performances énergétiques meilleures que le parc privé, mais le défi reste de taille pour atteindre les objectifs climatiques 2050 fixés par la SNBC.

Un parc social globalement mieux classé sur le DPE que le privé

Le parc social présente globalement de meilleures performances énergétiques que le parc privé, avec 7,4 % de passoires thermiques (logements classés F ou G) contre 15,9 % dans le parc locatif privé, selon le diagnostic de performance énergétique (DPE).

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet écart :

  • un bâti souvent plus récent ;
  • une part importante de logements collectifs généralement plus compacts et donc moins déperditifs ;
  • mais aussi des politiques publiques de rénovation actives, notamment via des dispositifs comme l’Éco-PLS (Éco-prêt logement social) ou le soutien du Fonds national des aides à la pierre (FNAP). Ces mécanismes incitent depuis plusieurs années les bailleurs sociaux à rénover leur parc en améliorant sa performance énergétique.

Cette tendance se confirme dans les maisons sociales, où la part de passoires tombe à 5,8 %, contre 18,9 % dans le parc privé.

Cependant, pour poursuivre cette dynamique et accélérer la rénovation, un rapport de commission d’enquête sur l’efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique estime les besoins de financement du secteur à 9 milliards d’euros par an, soit près du double des niveaux actuels, pour rénover 150 000 logements sociaux chaque année.

7,4 % de passoires thermiques dans le logement social

Malgré ces efforts, les statistiques 2024 des ministères de l’aménagement du territoire et de la transition écologique montrent que 350 531 logements restent des passoires thermiques au 1er janvier 2024. 7,4 % des logements sociaux s’avèrent des passoires thermiques, maisons et appartements confondus, mais les appartements sont un peu plus touchés par le phénomène :

  • 7,7 % des appartements sociaux sont des passoires thermiques ;
  • contre 5,8 % des maisons sociales.

Cette différence s’explique par l’ancienneté du parc collectif, plus difficile à rénover.

La pression va s’accentuer avec la loi Climat et Résilience qui prévoit l’interdiction progressive de la location des logements les plus énergivores, et l’obligation d’audit énergétique pour certains biens classés de D à G mis en vente :

  • 2025 : interdiction de louer les logements classés G, et audit obligatoire pour les logements classés E mis en vente ;
  • 2028 : interdiction de louer les logements classés F ;
  • 2034 : extension aux logements classés E, et audit obligatoire pour les logements classés D mis en vente.

Les audits obligatoires devront proposer un parcours de travaux compatible avec la valeur du bien, et viser au minimum la classe E. Le parc social devra donc redoubler d’efforts pour accompagner la sortie progressive de ces logements du statut de passoire thermique.

Quelle est la répartition des étiquettes DPE entre le parc social et le parc privé ?

Si les passoires thermiques concentrent à juste titre l’attention, les autres étiquettes DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) sont également révélatrices. Selon les statistiques 2022, le parc social et le parc locatif privé affichent des parts similaires de logements très performants (A-B), autour de 3 à 4 %. La différence se creuse dans les classes intermédiaires et inférieures.

Classe DPE

Parc locatif privé (%)

Parc social (%)

A

1 %

0.7 %

B

2.5 %

2.9 %

C

21.4 %

33.5 %

D

32 %

32.9 %

E

23.3 %

20.5 %

F

11,4 %

6.6 %

G

8.5 %

2.9 %

Sources : Le parc de logements par classe de performance énergétique au 1er janvier 2022

Le parc social affiche une performance énergétique globalement meilleure. Il comprend plus de logements en classe C (33,5 %) que le parc privé (21,4 %), et une proportion quasi identique en classe D (32,9 % contre 32 %).

Les logements les moins performants (classes F et G) sont nettement plus présents dans le privé :

  • F : 11,4 % dans le privé contre 6,6 % dans le social ;
  • G : 8,5 % dans le privé contre 2,9 % dans le social.

En tout, en 2022, le privé concentre plus de 19 % de passoires thermiques (F+G), contre seulement 9,5 % dans le parc social.

Cette meilleure répartition dans le parc social s’explique en partie par une proportion plus importante de logements collectifs, souvent mieux isolés.


Le chauffage : un levier d’amélioration de la performance énergétique des logements sociaux

picto astuce HellioL’ASTUCE HELLIO

En tant que bailleur social, vous pouvez financer une partie de vos travaux grâce aux primes CEE, y compris via le Coup de pouce Rénovation d’ampleur. Isolation, chauffage, ou encore ventilation sont autant de leviers pour améliorer la performance énergétique de votre parc à moindre coût.

Le chauffage reste l’un des principaux leviers d’action pour améliorer la performance énergétique du parc social. En 2020, 55 % des logements sociaux étaient encore chauffés au gaz, contre 31 % dans le parc privé et 34 % chez les propriétaires occupants.

Cette forte dépendance au gaz pèse directement sur la performance énergétique des bâtiments et sur les émissions de gaz à effet de serre du parc social. En effet, le gaz fossile, malgré un bon rendement, reste fortement émetteur de CO2 par rapport à d’autres solutions de chauffage.

À l’inverse, le chauffage urbain représente 20 % des logements sociaux, soit plus du triple du parc privé. De plus en plus alimenté par des énergies renouvelables ou de récupération, ce mode de chauffage collectif constitue un atout dans la transition énergétique du parc social en limitant l’empreinte carbone des bâtiments. Il explique également en partie la différence importante entre les proportions de passoires thermiques du parc social et du parc privé.

Quelles sont les solutions pour réduire la dépendance au gaz du parc de logements sociaux ?

Pour atteindre les objectifs climatiques, la réduction de la dépendance au gaz est une priorité pour les bailleurs sociaux. Plusieurs pistes sont envisageables :

  • le développement des pompes à chaleur, notamment dans les maisons sociales ;
  • le raccordement aux réseaux de chaleur urbains alimentés par des énergies renouvelables ou par la chaleur fatale ;
  • et, en complément du changement de chauffage, le renforcement de l’isolation thermique pour réduire les déperditions thermiques.

Au-delà des bénéfices environnementaux, ces solutions permettent de mieux chauffer, de moins consommer, mais également de protéger les ménages contre les hausses de prix du gaz.


Objectif SNBC 2050 : le parc social est-il sur la bonne trajectoire ?

La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) fixe la feuille de route de la France pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cela implique pour le bâtiment une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 49 % d’ici 2030 et une décarbonation complète à l’horizon 2050.

picto chiffre HellioLE CHIFFRE HELLIO : 92 kWh/m2/an

Selon le panorama du logement social 2024 réalisé par l’ANCOLS (agence nationale de contrôle du logement social), il s'agit de la consommation d’énergie moyenne liée à l’étiquette B du DPE (diagnostic de performance énergétique). C’est le niveau que doit atteindre le bâtiment en France pour satisfaire à l’objectif 2050 de Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC).

Le parc social affiche des progrès, avec environ deux fois moins de passoires thermiques que dans le parc locatif privé (7,4 % contre 15,9 %). Cette performance s’explique par les efforts de rénovation engagés ces dernières années. Pour autant, 15 % du parc social reste classé en E, soit environ 750 000 logements qui devront sortir du marché locatif d’ici 2034, conformément à la loi Climat et Résilience.

Le défi reste donc important : sans une accélération des rénovations et un recours accru aux énergies décarbonées, le parc social risque de décrocher de la trajectoire fixée par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), au détriment des locataires les plus modestes, déjà fragilisés par la précarité énergétique.


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Cet article a été rédigé par Julien Guiselin,

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