Bois, PVC, acier, peinture… depuis de nombreux mois, une pénurie de matériaux inédite frappe de plein fouet le secteur du BTP, aussi bien en France qu’à l’étranger. Force est de constater que ce déficit de matières premières consécutif à la pandémie de Covid-19 persiste. Malgré des carnets de commandes en augmentation et un climat des affaires favorable, les difficultés d’approvisionnement doublées d’un manque de main-d’œuvre freinent l’activité des professionnels du bâtiment. Ces problèmes entraînent des répercussions pour les bailleurs, entre flambée des prix et allongement des délais de chantiers de construction et de rénovation. Comment cette industrie sous tension en est-elle arrivée là ? Quelles conséquences pour les bailleurs sociaux ? Hellio se penche sur ces questions.
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Pénurie de matériaux : le constat
Au plus bas en mai 2020, le climat des affaires dans l’industrie du bâtiment redevient progressivement plus clément. En décembre 2021, l’indicateur est toujours en hausse : il bondit à 116, un chiffre nettement supérieur à sa moyenne de longue période (100). En pleine effervescence, le secteur du BTP affiche des carnets de commandes stimulés par les travaux de rénovation énergétique entrepris par les propriétaires occupants et bailleurs grâce aux aides financières de l’État, comme les primes CEE.
Tous les voyants semblent au vert, seulement voilà : les importantes pénuries de matériaux de construction et l’insuffisance du personnel handicapent lourdement la production.
La pandémie de Covid-19 à l’origine d’une raréfaction des matériaux de construction
À la source de tous ces maux : l’épidémie de coronavirus qui frappe la planète en 2020 et paralyse l’économie mondiale. Le domaine du bâtiment et des travaux publics n’est pas épargné. Entre confinements et restrictions sanitaires, le commerce tourne au ralenti. Les périodes de « stop and go » successives (alternance entre déconfinements et reconfinements) perturbent considérablement la production de matières premières et les chaînes d’approvisionnement. Contraintes de fermer leurs portes, les usines ne peuvent pas redémarrer en un claquement de doigt, d’autant plus lorsque la majorité de leurs effectifs se trouve au chômage partiel.
Mais en 2021, la reprise économique s’avère plus importante que prévu. Ainsi confrontées à une forte demande, les entreprises peinent à s’approvisionner en matières premières. Et ceci de manière exponentielle.
La ruée vers les stocks de matériaux, un motif sous-jacent
L’INFO HELLIO :
Outre-Atlantique, les fabricants américains tendent à se fournir en Europe depuis la mise en place des taxes douanières imposées par l’ancien président Donald Trump sur le bois d’œuvre canadien. En 2022, ces droits compensatoires vont doubler, sautant d’une moyenne de 8,99 % à 17,9 %. Cette pression supplémentaire pourrait creuser davantage la pénurie de matériaux, en ce qui concerne le bois de construction.
Un autre facteur découle directement de la crise sanitaire et a contribué à la naissance de ce phénomène mondial de pénurie de matériaux. Il s’agit de la relance précoce de l’activité chinoise et américaine. En effet, la Chine et les États-Unis connaissent une forte croissance économique dès la fin 2020. Les géants se précipitent alors sur les stocks de matériaux, amenuisant ainsi les réserves de l’Europe. Peu de temps après, c’est au tour du Vieux Continent d’être en demande. Il n’en faut pas plus pour mettre le feu aux poudres et déclencher une flambée des prix.
Le manque de matières premières et de personnel : des problématiques qui inquiètent
Depuis janvier 2021, tous les métiers du bâtiment sont concernés par la complexité à trouver des matériaux de construction : électriciens, charpentiers, chauffagistes, maçons… D’après l’enquête mensuelle de conjoncture menée par l’Insee en décembre 2021, un tiers des sociétés du BTP continuent de rencontrer des difficultés d’approvisionnement. En progression par rapport au mois de novembre, cette donnée traduit la détresse des artisans et semble repousser l’espoir d’un retour rapide à une situation normale.
Au-delà de l’aggravation de la pénurie de matériaux, les problèmes de recrutement sont légion. En effet, environ 50 % des entreprises se heurtent à une insuffisance de main-d’œuvre, toujours selon la note de conjoncture de l’Insee.
Ces deux obstacles limitent l’activité et forment des goulots de production : près de la moitié des chefs d’entreprises interrogés déclarent être au maximum de leur capacité de production. Cela signifie qu’ils ne pourraient pas produire plus avec les moyens dont ils disposent actuellement s’ils obtenaient davantage de commandes.
Les conséquences sur le secteur de la construction et de la rénovation
Si les professionnels du bâtiment sont les premières victimes de la pénurie de matériaux, cette dernière cause des dommages collatéraux. Les bailleurs subissent également les contrecoups du manque de matières premières pour la construction et la rénovation des logements sociaux.
La hausse des prix des matériaux
Conséquence mécanique de cette pénurie internationale : une envolée tarifaire sans précédent, puisque le secteur du BTP est sous tension face à une demande grandissante.
Les cours des différents matériaux de construction explosent et certains se vendent à prix d’or. Le studio d’architecture Hemea constate la folle augmentation des coûts des matières premières entre janvier 2020 et juin 2021 :
- + 110 % pour le PVC,
- + 61 % pour l’aluminium,
- + 57 % pour l’acier,
- + 51 % pour le cuivre,
- + 48 % pour le bois brut et les matériaux mousse,
- + 40 % pour le panneau isolé de toiture,
- + 20 % pour le carrelage,
- + 15 % pour la peinture,
- + 10 % pour le plâtre.
Une inflation qui donne le vertige… Afin d’honorer leurs devis, les professionnels n’ont d’autre choix que de diminuer leurs marges ou de majorer leurs prestations. Selon une étude menée par la CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment), 26 % des entreprises artisanales ont déjà gonflé leurs prix pour tenter d’absorber ces hausses démesurées. De plus, l’Insee nous apprend qu’un tiers des chefs d’entreprises questionnés en décembre 2021 prévoient une augmentation de leurs tarifs au cours des trois prochains mois.
Autre perturbation : le prix du transport des marchandises. Le taux de fret maritime a effectivement atteint des niveaux historiques. À titre d’exemple, la location d’un conteneur standard a grimpé de 650 % depuis le début de la crise sanitaire (source : BFMTV).
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Des délais de livraison et de travaux allongés
Qui dit pénurie de matériaux et montée en puissance des prix, dit allongement des délais de livraison. Les bailleurs sociaux sont impactés par ricochet, qu’ils s’agissent de particuliers ou d’organismes. Comme il faut plus de temps pour acheminer les fournitures nécessaires, les chantiers s’éternisent. L’augmentation du délai de réalisation des travaux implique une mobilisation plus longue de la main-d’œuvre, ce qui risque de gonfler encore l’addition.
En réaction à la fluctuation des prix, certains professionnels réduisent ainsi la durée de validité de leurs devis. Les bailleurs disposent désormais de quelques semaines à peine pour confirmer leur souhait d’entreprendre un projet de construction de maison ou des travaux de rénovation d’un appartement, contre 3 à 6 mois auparavant.
LE CHIFFRE HELLIO : 67 %
La pauvreté des stocks de matériaux impacte la gestion des chantiers. Pas moins de 67 % des entreprises sondées ont accusé des retards ponctuels de chantiers, d’après la CAPEB (note de conjoncture du 2e trimestre 2021).
Les aides publiques s’adaptent en réponse à la pénurie de matériaux
Face aux difficultés d’approvisionnement rencontrées par les professionnels de la rénovation énergétique, l’État a choisi de jouer les prolongations.
Le 8 septembre 2021, le gouvernement annonce que le délai d’achèvement des chantiers éligibles aux primes « Coup de pouce isolation et chauffage » est repoussé de deux mois. Le 30 septembre, il revient sur sa décision dans un nouvel arrêté pour étendre ce sursis jusqu’au 31 décembre 2021.
Ce délai supplémentaire concerne les devis signés avant le 1er juillet 2021. Il est accordé dans le cas de :
- travaux d’isolation thermique (combles, toiture, plancher),
- l’installation d’une chaudière individuelle à haute performance énergétique,
- l’installation d’un émetteur électrique à régulation électronique à fonctions avancées.
Les conseils de Hellio pour les bailleurs
Comment faire, alors, pour les propriétaires occupants et bailleurs désireux de rénover leur logement et réaliser des économies d’énergie ?
Tout d’abord, il faut anticiper au maximum les travaux à venir. Par exemple, réfléchir à la pertinence d’une rénovation globale plutôt qu’à la réalisation de travaux par gestes. Cela permettra d’optimiser le chantier et les retombées en matière de performance énergétique.
De plus, il est indispensable de bien préparer les contrats en amont avec les entreprises de travaux. Hellio encourage les bailleurs à sélectionner avec soin un partenaire de confiance labellisé RGE (reconnu garant de l’environnement), et à vérifier la validité de sa garantie décennale, qui s’applique désormais aux travaux d’isolation thermique.
Enfin, il existe un large panel d’aides à la rénovation disponibles avec ou sans condition de ressources. Penser à les solliciter permettra d’amortir en partie la hausse des prix liée à la pénurie des matériaux.
Hellio accompagne les bailleurs dans l'obtention d'aides à la rénovation